(publiée le 1er mars 2007 à 19h35)
Je suis
allée voir le film dont on nous rabat les oreilles depuis des lustres
-et y a de quoi vu le sujet casse-gueule! (adapter la vie d'un mythe
-déjà là ca craint - mais en plus un mythe à la gouillaye parigote: ouhla,
danger! ). Et vas-y que sur toutes les chaines il n'y avait pas moyen de
voir autre chose que la tête (fort jolie et sympathique je l'avoue) de
Marion Cotillard... C'que je déteste ce systéme propagandiste... Peu
importe que le film soit bon ou mauvais, ca les journalistes people
s'en moquent comme de leurs premières culottes! non, à partir du moment
où c'est tourné avec des tonnes de moyens (qui dit des tonnes d'argent
dit des tonnes d'acteurs à l'affiche... et ca, c'est ultra vendeur!),
et bien la télé prend le relais et nous vend l'objet comme un vulgaire
article de consommation de masse! Donc, ca le devient forcément! y a
qu'à voir le meilleur succés cinéma de l'année en france: c'est à se
taper la tête contre les murs : "Camping"!!! non mais j'te jure! pour
preuve que la qualité n'est pas vendeuse!
Bref,
revenons à nos moutons: La Môme donc! un film d'Olivier Dahan, déjà
connu pour son "Petit poucet" en 2001 et pour avoir réalisé les
"rivières pourpres 2"! Finalement, un pas grand chose, un mec pas super
connu, un jeunot à qui les producteurs ont confié une somme faramineuse
et un scénar digne des plus grands... Je pars au ciné avec pas mal
d'appréhension, je connais pas grand chose à la vie de la Môme, sauf ce
que tout le monde sait, le mythe populaire, Cerdan et le reste, mais ca
reléve tellement de la gageure, que j'ai peur! Autour de moi beaucoup
d'enthousiasme, un ami vient le voir pour la deuxième fois en trois
jours; j'ai vu des images de Cotillard, je sais qu'elle reléve à
merveille le côté ressemblance grâce au travail de fou des
maquilleurs... je sais aussi que Dahan a opté pour une réa
non-rectiligne, un byopic en forme de caneva qui va et vient, d'une
époque à une autre, sans tréve, sans pause... J'ai averti autour de moi
que ce parti pris avait de quoi destabiliser...
Le film commence
: le silence! puis une voix... LA voix, mais pas avec une chanson
tape-à-l'oeil, pas avec "padam" ou "la vie en rose"; ca aurait été trop
facile, Dahan l'a compris... et puis, immédiatement, on est emporté,
non par la foule, mais par la vie de ce bout de femme, une vie
incroyable, invraisemblable, digne des plus grands romans de Dumas ou
de Zola! Non, du Zola surtout en fait, car dés le départ, on nous
prévient que cette histoire se finit mal, et il en est toujours ainsi
chez Zola: une histoire incroyable, une femme sorti du caniveau pour
être propulsée au plus haut du firmament, mais qui, inexorablement,
retombe par sa propre faute dans une fange plus profonde encore!!!
...
J'ai adoré! la vie de ce temps, cette époque pas si lointaine où il
nous semble que les gens vivaient comme au Moyen-Age, où une telle
histoire pouvait encore se dérouler! Fille d'une chanteuse poivrote,
élévée dans la rue, puis dans une maison close, dans un cirque, pour
finir elle-même chanteuse des rues, vivant au jour le jour avec sa
copine Momone... On dirait le début des Misérables... et ca se passe à
la fin de la première guerre mondiale, dans notre bon vieil XXe
siècle!!! Puis appelée à devenir LA star française, peut etre la
première "star" justement! vivant une histoire d'amour torride avec le
champion du monde de boxe, qui se tue en avion pour venir la
rejoindre... et les trucs incroyables continuent comme ca, jusqu'à la
fin du film... Si on ne savait pas que c'est une histoire vraie, si on
n'en était pas intimement convaincu, on serait en droit de se dire que
c'est l'histoire la plus fantastique qu'on nous ait raconté depuis
harry Potter!!!
Les
personnages sont géniaux, chacun, le peu de temps qu'il entre en scéne,
vit de manière bien particulière; chacun fait VRAI! j'ai adoré
Emmanuelle Seigner dans son role de prostituée névropathe, le rôle de
Catherine Allegret en grand-mère rigide ; j'ai adoré aussi découvrir
que Depardieu, que je ne supporte pas, ne fait qu'un caméo de quelques
minutes tout juste, et en plus, presque sobre!!!
La réalisation
par contre, je sais pas, pas sûre que certaines scénes de Piaf dans ses
derniers jours étaient bien utiles, répétitives; pas sûres non plus du
flou "artistique" de certaines images, peut-être voulant nous signifier
que cette partie de la vie, Edith Piaf l'a vécue comme dans un rêve,
derrière les brumes de la cocaïne?! , pas sûre que la vitesse des
flash-back, leur place, soit trés efficace... Disons que ca ne m'a pas
dérangé même si j'ai préféré la première partie de sa vie, l'enfance et
la rue.
Enfin, il est évident qu'une critique de ce film ne
pourrait se faire sans parler d'ELLE! de toute façon, on ne voit
qu'elle, même derrière le masque, même quand on n'a plus conscience que
c'est elle et qu'on croit voir revivre la môme... Elle est incroyable!
tout le monde l'a déjà dit, et je ne voudrais rien rajouter, excepter
que je suis contente pour elle... car depuis son rôle dans Big Fish,
elle était un peu notre chouchou, la petite frenchie qui a commencé
dans une bouze mais qui s'en sort trés bien maintenant! depuis Big
Fish, je lis ses interviews, et j'y ai découvert une femme fragile et
pleine de grâce, timide mais sûre de ce qu'elle veut, qui a du gout et
de la culture, une femme que j'aimerais connaitre... Alors, voilà,
Marion je suis fière de toi, et je t'envois un immense "bravo" du fond
de la salle! Bravo l'artiste